| auteurs étrangers | |
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Auteur | Message |
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soukoun
Nombre de messages : 367 Age : 43 Lieu de résidence : Perpignan Date d'inscription : 22/11/2006
| Sujet: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 12:55 | |
| Bien que je me doute un peu de la réponse, je me demandais si, selon vous, il est envisageable d'attaquer une thèse sur un auteur dont on ne parle pas la langue. J'ai un peu trop négligé l'apprentissage des langues étrangères, je déchiffre à peine le grec, je ne connais pas l'allemand (damned) et mon anglais is very poor. Bref, suis-je condamné à étudier Rousseau ou Lévinas (ce qui n'a rien de déplaisant soit dit en passant mais mon truc c'est l'idéalisme allemand...) faute de pouvoir lire dans le texte et encore moins traduire les oeuvres de Hegel ou Dewey? | |
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Mr_Z
Nombre de messages : 1751 Age : 50 Lieu de résidence : Twin Peaks Date d'inscription : 28/05/2008
| Sujet: Re: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 13:18 | |
| est-ce que tu peux au moins te débrouiller avec un texte en langue étrangère pour vérifier le sens d'un mot précis ?
est-ce que tu es prêt - et est-ce que tu en as le temps - à étudier la langue étrangère concernée pendant la thèse ? | |
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Rogger
Nombre de messages : 429 Lieu de résidence : Paris Date d'inscription : 22/05/2010
| Sujet: Re: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 13:46 | |
| De mon point de vue oui, sans aucune difficulté tant qu'il existe des traductions, car je ne crois pas qu'une philosophie puisse être insérée dans une seule langue ou que la langue puisse servir, dans sa formulation elle-même, d'argumentation philosophique, bien que certains auteurs ne soient pas de mon avis.
Pour adopter une réponse plus consensuel, ça dépend de l'auteur en question et de la langue. Ainsi que du temps que tu as avant de commencer ta thèse (et de tes disponibilités), et peut-être du type de thèse que tu veux réaliser.
Si on part sur de l'allemand, avec un très gros travail sur 2 ans (cours sur toute l'année + au moins un gros mois de cours complet dans la langue en question et le pays en question) en allemand tu auras compris la structure des phrases, la base des déclinaisons et conjugaisons et tu commenceras à avoir un vocabulaire digne de ce nom. Les philosophes n'ont pas un vocabulaire immense (ça n'est qu'à moitié vrai), c'est surtout l'agglutination des mots qui est difficile car on ne les croise jamais dans le quotidien de la langue en question (et quand ça arrive, le sens diffère). A partir de là, tu déchiffreras Hegel au ralenti avec un dictionnaire, mais tu auras compris la difficulté qui lui est propre quand on cherche à le traduire.
Tu ne peux pas lire de l'anglais dans le texte ? Une méthode similaire à la précédente doit aussi fonctionner. On a pas mal d’œuvres philosophiques en bilingue, faire un travail régulier et systématique doit permettre de bien progresser sur le sujet : The monk de Lewis, lis le donc en anglais !
Sinon, l'exemple le plus classique (à double tranchant) : on dit toujours que Deleuze ne lisait aucune langue étrangère (j'ignore si c'est vrai), ça ne l'a pas empêché de produire des commentaires sur plus ou moins tout. | |
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Romuald
Nombre de messages : 695 Age : 51 Lieu de résidence : Isère Date d'inscription : 08/05/2009
| Sujet: Re: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 15:30 | |
| - soukoun a écrit:
- Bien que je me doute un peu de la réponse, je me demandais si, selon vous, il est envisageable d'attaquer une thèse sur un auteur dont on ne parle pas la langue. J'ai un peu trop négligé l'apprentissage des langues étrangères, je déchiffre à peine le grec, je ne connais pas l'allemand (damned) et mon anglais is very poor. Bref, suis-je condamné à étudier Rousseau ou Lévinas (ce qui n'a rien de déplaisant soit dit en passant mais mon truc c'est l'idéalisme allemand...) faute de pouvoir lire dans le texte et encore moins traduire les oeuvres de Hegel ou Dewey?
Salut, A mon avis, la maîtrise de la langue est indispensable, ce qui ne signifie pas être bilingue mais au moins pouvoir déchiffrer le texte avec une traduction en face. Il ne faut pas oublier non plus le paramètre de la littérature critique qui n'est pas qu'en français (en antique, difficile par exemple de se passer de l'italien, de l'allemand et de l'anglais). Il faut voir aussi ce qu'en pense ton éventuel directeur. | |
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sophiste
Nombre de messages : 339 Date d'inscription : 13/10/2007
| Sujet: Re: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 15:41 | |
| le cas de Deleuze est un mauvais exemple : tous ses commentaires sont faux ou presque (exception faite du Spinoza : philosophie pratique). les "commentaires" de Deleuze ne sont géniaux que parce qu'ils représentent sa philosophie propre, et non une exégèse. dans mon M2 j'avais glissé un paragraphe où j'expliquais en quoi Le bergsonisme n'était pas bergsonien.
je pense qu'il est indispensable de lire la langue étrangère, sans vouloir faire le puriste. il est impossible de réaliser un travail de recherche et d'érudition sur Aristote sans comprendre le grec ancien, sur Heidegger sans lire l'allemand, ou sur Locke sans lire l'anglais. les subtilités conceptuelles amenées par la langue sont nombreuses.
par ailleurs comme dit plus haut, c'est aussi se couper d'une bonne partie de la littérature critique. | |
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Rogger
Nombre de messages : 429 Lieu de résidence : Paris Date d'inscription : 22/05/2010
| Sujet: Re: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 16:06 | |
| D'où le fait que j'ai employé le terme "double tranchant" et que j'ai précisé le type de thèse à réaliser. Ton avis sur les commentaires de Deleuze n'est pas partagé par les spécialistes des auteurs respectifs qu'il a commenté. Et cela dépend de ce qu'on attend d'un commentaire (comme tu le dis, Deleuze fait du Deleuze dans ses commentaires, conformément à sa conception de la philosophie et du commentaire).
Le niveau "indispensable" indiqué n'est pas difficile à atteindre. Entre lire Heidegger et traduire Heidegger clairement et avec précision, il y a un monde. L'argument de la littérature critique est par contre solide. | |
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sophiste
Nombre de messages : 339 Date d'inscription : 13/10/2007
| Sujet: Re: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 16:35 | |
| moui, enfin un spécialiste de Spinoza m'a dit que son ouvrage sur l'expression était davantage leibnizien que spinoziste ; un spécialiste de Kant m'a dit que son ouvrage sur Kant était mauvais ; deux spécialistes de Nietzsche m'ont déconseillé son Nietzsche et la philosophie comme commentaire de Nietzsche ; un spécialiste de Bergson a qualifié sa position de "bergsonisme anti-bergsonien" (remarque que je me suis également faite lors de mes recherches)... ça fait beaucoup.
après, sur Hume et Proust je n'ai pas eu d'avis. | |
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Romuald
Nombre de messages : 695 Age : 51 Lieu de résidence : Isère Date d'inscription : 08/05/2009
| Sujet: Re: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 16:49 | |
| - Rogger a écrit:
Le niveau "indispensable" indiqué n'est pas difficile à atteindre. Entre lire Heidegger et traduire Heidegger clairement et avec précision, il y a un monde. L'argument de la littérature critique est par contre solide. Pour les langues modernes, je ne sais pas, mais en antique, il faut quand même être solide dans la langue des auteurs sur lesquels on travaille ; on m'a déjà demandé de justifier mes choix de traduction lors de soutenances, voire même on m'a fait retraduire à partir d'une version différente du texte mentionnée dans l'apparat critique. Il est vrai qu'il y a une différence aussi entre les thèses d'histoire de la philosophie et celles de philo. générale. | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 16:50 | |
| Le Proust et les signes de Deleuze est un bel ouvrage, bien que souvent critiqué par les spécialistes pour sa tentative de ramener la Recherche à une forme de platonisme. Son Spinoza philosophie pratique est en effet un excellent livre, bien qu'assez obscur ( dans sa deuxième partie ) pour qui n'a pas vraiment lu l'Ethique ou les traités. Le Alquié me semble plus abordable. |
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Rogger
Nombre de messages : 429 Lieu de résidence : Paris Date d'inscription : 22/05/2010
| Sujet: Re: auteurs étrangers Lun 2 Juil - 17:21 | |
| Je suis d'accord. Et pourtant, A. Renaut, P.Raynand, F.Proust l'indiquent en bibliographie introductive, Alquié ou Lebrun le citent. Son Leibniz est cité en boucle par tous les spécialistes (même si c'est pour le critiquer). Le Nietzsche est toujours cité comme une "grande interprétation" (là aussi, pour la critiquer), comme celle d'Heidegger, de Bertram ou de Muller-Lauter. E.Blondel résume d'ailleurs assez bien la question : "il s'agit d’œuvres tellement personnelles, excessives, dont les choix d'interprétation sont trop propres à l'auteur pour ne pas écraser Nietzsche qu'elles sont inutilisables ou difficiles à utiliser" (p.190, GF de l'Antéchrist), dans une optique d'étude de l'auteur en lui-même. Idem pour Spinoza ou Hume, là n'est pas la question, nous sommes d'accord.
Plus simplement : si Deleuze avait maitrisé l'anglais et l'allemand, ses commentaires auraient-ils été différents ? Non, car ce n'était pas son but de rendre compte exactement de la pensée de l'auteur, il ne les utilisait que comme support de ses propres thèses. Ce qui nous renvoie à deux choses 1) quel type de thèse ; 2) quel usage des auteurs. C'était précisément mon argument. Il n'y a pas que des thèses d’exégèses. Une maitrise a minima de la langue l'est dans ce cas là, pas dans tous. Combien d'auteurs latins/arabes ne lisaient pas le grec et ont pourtant proposé des commentaires d'Aristote, Platon et autres intéressants, combien de thèses anglo-saxonnes portant sur des auteurs français et allemands sans maitrise totale de la langue...etc.
edit :Le cas du grec ou du latin est assez particulier et demande, je pense, beaucoup de temps pour être maitrisés à un niveau philosophiquement utile. Pour en avoir fait parfois plus longtemps que d'autres langues, la difficulté me paraît immense en comparaison.
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abou
Nombre de messages : 999 Age : 45 Lieu de résidence : Dijon Date d'inscription : 30/08/2011
| Sujet: Re: auteurs étrangers Mar 3 Juil - 9:42 | |
| Pour en revenir à la question de départ, effectivement ça paraît difficile d'envisager une thèse sur un auteur qu'on ne lit pas dans le texte. Mais la conséquence pratique à en tirer, c'est qu'en l'espèce il faut se mettre à l'allemand, pas qu'il faut faire une thèse sur Levinas (de toute façon il ne «faut» jamais faire une thèse) :) | |
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