Cherche un sujet de thèse

Eh bien, oui! quel meilleure moyen pour profiter de ses dimanches et ses vacances entre marmaille et copies que de se lancer dans un sujet de recherche. Seulement, bien que cela fasse plusieurs années que j'y songe, je n'arrive pas à déterminer ce qu'est un "bon" sujet de thèse, fructueux aussi bien sur un plan personnel (bon ça, c'est chacun que ça regarde) que dans le domaine professionnel (universitaire si l'on préfère. Mais je ne me leurre pas sur les possibilités de quitter mon très respectable emploi dans un lycée de province pour faire carrière, ni même devenir maître de conf (ce qui est déjà une belle carrière...).

Donc, je me pose des questions:
- comment être sûr de son directeur?
- faut-il plutôt s'inscrire dans les universités parisiennes?
- question plus particulière: y a-t-il des ponts pour passer d'un cursus en philosophie à la théologie? Peut-on cumuler?
- question plus spécifique encore: auriez-vous de bons contacts dans le domaine de la philosophie politique et religieuse en France et dans le monde?
- plus largement: quelle est votre expérience de la chose thèseuse?

Merci beaucoup pour vos réponses qui serviront sans doute à d'autres. Je n'aurai sans doute pas l'opportunité immédiate de vous répondre mais je lirai le fil avec intérêt!

A bientôt,

En fait, j'ai le sentiment que chacune de ces questions pourrait être précisée. Par exemple que veut dire «être sûr de...» ? et de quel point de vue «faut»-il (ou pas) s'inscrire à Paris?

EDIT: on a tout avantage à travailler, je crois, au sein d'un laboratoire vraiment dirigé, avec des collègues (c'est-à-dire d'autres thésards sur des sujets sinon connexes, du moins proches). C'est surtout de ce point de vue que les facs parisiennes ont une supériorité sur les autres, mais si tu habites loin de ces facs-là, tu ne profiteras de toute façon pas de l'avantage en question, à moins de passer ta vie dans le TGV.

Et pour ce qui est du directeur de thèse, je pense effectivement que c'est un choix qu'il ne faut pas faire à la légère, mais c'est extrêmement dépendant de la façon dont tu envisages ton travail dans son effectuation (tu veux quelqu'un qui lise 200 pages tous les ans ou quelqu'un qui organise un travail collectif de labo dont tu serais partie prenante?), ainsi, aussi, que de l'usage que tu veux faire de cette thèse (tu cherches quelqu'un qui a de l'influence?).

En ce qui concerne la théologie, je crois qu'il est difficile de nier que plus on monte dans l'institution (au moins dans certaines facs) et plus il y a un rapport!... mais la théologie en tant que discipline universitaire, c'est autre chose. Cela dit, des thèses à cheval sur plusieurs champs, il y en a tout le temps, et des co-directions de thèse sont possibles; ou alors simplement l'appel à un professeur de théologie au jury. Je ne sais pas si c'est à cela que tendait ta question.

abou a écrit:

En fait, j'ai le sentiment que chacune de ces questions pourrait être précisée. Par exemple que veut dire «être sûr de...» ? et de quel point de vue «faut»-il (ou pas) s'inscrire à Paris?

Tu as raison, ce n'est effectivement pas très clair (ce qui donne déjà une idée de mon avancement...). Pour être plus précis, je vais proposer une interrogation plus générale (!): quelles questions
doit se poser un futur chercheur avant de se déterminer en faveur d'un sujet?

Mais tu me proposes déjà des réponses (donc des questions;)
Effectivement, tant qu'à faire un travail de plusieurs années j'aimerais que cela soit "utile". Et j'aurais tendance à chercher quelqu'un qui a de l'influence, ce qui, sans doute dans mon imaginaire de provincial, suppose, en France, un directeur estampillé Sorbonne. J'ai quelques contacts, mais leur intérêt ne croise pas nécessairement le mien, ou pas directement. Je voudrais, en gros, travailler sur une analyse en partie historique et qui mettrait en lien la théologie chrétienne (réformée si possible) avec une recherche de type politique. C'est plus que vague. J'hésite à me tourner décidément vers la théologie ou à conserver le lien avec la philosophie politique comme approche concrète Je m'étais arrêté sur l'idée de réaction en politique au début du XIXème (De Maistre, Bonald, Burke...) mais je me rends compte que cela n'a pas forcément de pertinence au vue de la recherche actuelle (analytique et herméneutique).

"Cela dit, des thèses à cheval sur plusieurs champs, il y en a tout le temps, et des co-directions de thèse sont possibles"
C'est en effet précisément un des aspects de ma question. Mais comment se partage alors le travail?
Est-ce que cette fameuse vague de la transdisciplinarité est praticable sans trop de dommages?

Je projette encore deux ans avant de "déposer" un sujet. Mais d'ici là, j'aimerais ne pas faire d'erreurs grossières ou rédhibitoires et ne pas perdre trop de temps pour commencer avec une biblio potable (de combien d'ouvrages? vous savez quelle est la norme?)

Merci

Le labo de philosophie politique de Nanterre est très sérieux. NoSoPhi à Paris 1 aussi. Je ne connais pas forcément très bien les autres. Probable qu'en termes d'ambiance Nanterre est mieux.

Les directeurs de recherche, il faut aussi regarder leur âge; c'est toujours mieux s'ils sont encore en activité, ou tout juste émérites, au moment prévisible de la soutenance.

Pour les doubles directions, c'est assez simple. Mais là, il faut, si j'ose dire, choisir d'abord un directeur «principal» (qui sera, j'imagine, un professeur de philosophie), et voir avec lui. Je ne vois aucun dommage potentiel.

Pour la biblio, on peut imaginer que la biblio de la thèse finale comportera 500 ou 600 ouvrages, donc ça paraît important de ne surtout pas y penser avant d'avoir un sujet ;)

Tu peux peut-être essayer d'avoir des échos à propos de Ph. Büttgen à Paris 1 ; il a encore peu de thésards.

Avec un sujet transversal, tu peux avoir une double (ou triple) qualif au CNU (en 17ème et 77ème section).

Quant à la biblio., vérifie bien que tu pourras avoir accès facilement aux livres - car courir après les textes, c'est vite épuisant, et c'est une ruine.

un modeste conseil : on n'a plus que 4 ou 5 ans maximum pour faire les thèses (plus, c'est difficile), alors il faut presque s'avancer d'abord pendant une année avant de s'inscrire, si on ne veut pas risquer d'être pris par le temps.

soukoun a écrit:

Eh bien, oui! quel meilleure moyen pour profiter de ses dimanches et ses vacances entre marmaille et copies que de se lancer dans un sujet de recherche. Seulement, bien que cela fasse plusieurs années que j'y songe, je n'arrive pas à déterminer ce qu'est un "bon" sujet de thèse, fructueux aussi bien sur un plan personnel (bon ça, c'est chacun que ça regarde) que dans le domaine professionnel (universitaire si l'on préfère. Mais je ne me leurre pas sur les possibilités de quitter mon très respectable emploi dans un lycée de province pour faire carrière, ni même devenir maître de conf (ce qui est déjà une belle carrière...).

Donc, je me pose des questions:
- comment être sûr de son directeur?
- faut-il plutôt s'inscrire dans les universités parisiennes?
- question plus particulière: y a-t-il des ponts pour passer d'un cursus en philosophie à la théologie? Peut-on cumuler?
- question plus spécifique encore: auriez-vous de bons contacts dans le domaine de la philosophie politique et religieuse en France et dans le monde?
- plus largement: quelle est votre expérience de la chose thèseuse?

Merci beaucoup pour vos réponses qui serviront sans doute à d'autres. Je n'aurai sans doute pas l'opportunité immédiate de vous répondre mais je lirai le fil avec intérêt!

A bientôt,

Je ne connais (ni ne veux rien connaître) de la théologie, ça n'a rien à voir avec la philosophie universitaire. La philosophie de la religion c'est autre chose, mais là pour le coup il n'y a pas de débouchés. Pour avoir connu quelqu'un travaillant là-dessus, franchement il n'y a aucun poste en France. En théologie, faut voir auprès des universités confessionnelles.
Pour faire une thèse, y a plusieurs aspects en effet, les tendances actuelles, tes intérêts, ton intégration à des réseaux de recherche. Une thèse à l'ancienne conduit droit dans le mur (c'est mon cas). Je ne crois pas pour ma part à l'intérêt de faire une thèse pour faire une thèse, j'ai toujours voulu en tirer quelque chose, un poste, un livre. Pour le livre, c'est bientôt fait. Pour le poste, c'est à peu près fichu.
La double qualification est possible voire la triple, mais c'est souvent artificiel, à part peut-être en esthétique et histoire des sciences. Les autres sections (je connais la 4e, sciences politiques) s'en tapent des philosophes.
Les universités de philosophie vont plutôt mal, il n'y a aucune création de poste depuis longtemps, on remplace les départs à la retraite, et encore.
Si tu ne veux pas avoir de désillusion après 4 années de thèse, je pense qu'il faut que tu saches exactement quels sont tes objectifs. Si c'est devenir MCF, il faut savoir que c'est très rude, et il faut mettre toutes les chances de ton côté, la base étant les réseaux de recherche, ça ne sert à rien de faire une thèse dans son coin, personne ne te connaît, personne ne te donnera ta chance, personne ne cherchera à te placer... Donc le choix du directeur est effectivement important. Mais franchement en philosophie de la religion, tu choisis ce qu'il y a de pire, je n'ai jamais vu un poste portant cet intitulé, s'il y en a eu un sur 10 ans, c'est le maximum (un ancien collègue, pourtant très doué, n'en a toujours pas, il aurait pu aux EU, mais n'a pas souhaité apparemment). Il y a plus de choses en philosophie politique, mais là il faut être très au fait de ce qui se fait (soit philosophie classique, histoire de la philosophie politique, soit républicanisme, libéralisme,etc.)
Peut-être me trompé-je sur tes intentions, mais pour ma part, j'ai pensé que le poste viendrait logiquement après un gros travail de thèse et il n'est jamais venu, alors je pense vraiment qu'il faut mettre toutes les chances de ton côté dès le début, c'est aussi important que la thèse elle-même. Il faudra aussi rapidement penser en termes de publication, c'est une condition sine qua non, il faut écrire dans cette optique et donc écrire qch de publiable ou de facilement remaniable. Là aussi, il faut s'accrocher et il vaut mieux savoir à l'avance ce qui est publiable et par qui, et ce qui ne l'est pas.
Je n'ai aucun renseignement concret à te proposer en revanche, désolé.