Thèse + agreg

hagen a écrit:: Si tu as une allocation, ce qui est très rare sans l'agreg, prends la bien sûr.

oui de toute façon je serai fixé dans 3 semaines si ce sera le cas ou pas...

Mr_Z a écrit:: il ne faut pas oublier de prendre en compte les circonstances...

Pour ma part :

- un directeur de thèse idéal, qui part bientôt à la retraite, j'ai saisi ma chance, comme on dit.
- une réforme du contrat doctoral, des départements menacés, j'ai préféré commencer une thèse non-financée pendant que c'est encore possible (notre ministre a dit qu'il y avait trop de docteurs en France*).
- des postes au concours réduits, paradoxalement il est plus facile, selon les profils, d'être docteur que certifié.
- et, enfin et surtout, un grand désir d'écrire quelque chose de sérieux, qui serait le fruit d'une recherche poussée et longue, et qui ferait que j'aurai fait quelque chose de ma vie.

* n'est-ce pas fou, quand on y pense ? un pays peut-il avoir trop de savants ?

Tu veux dire quoi exactement par là, tu as fait une thèse et elle a débouché sur un emploi?
Pour le désir d'écrire je te rejoins entièrement c'est d'abord une recherche personnelle même si on espère la voire publier un jour

Non, je suis en train de faire une thèse, et j'ai décidé, malgré mon âge avancé, de ne passer sérieusement les concours qu'après la thèse (mais mon cas n'est pas comparable au tien, je suis professeur contractuel à temps partiel, donc je ne peux pas mener de front trois activités).

Si tu as le désir d'écrire et de chercher, il faut peut-être le suivre tant qu'il est là !

kohelet a écrit:: Même si je pense passer l'agreg à un moment ou un autre je ne suis pas vraiment d'accord avec toi, un doctorat peut être valorisé dans d'autres domaines: édition, journalisme... La thèse est un gage de certaines qualités rédactionnelles et de réflexion.

Il ne faut pas te faire d'illusion sur la valorisation de ta future thèse ; je le redis : le doctorat est considéré comme un diplôme de guignol en France (il n'est reconnu que par les professionnels de la profession, et encore), alors imagine une thèse en philosophie.

Les gens qui travaillent dans l'édition (et en vivent) viennent de plus en plus d'école de commerce ou ont des diplômes de management culturel. L'édition est un marché comme les autres. Quant au journalisme, c'est soit par l'expérience de terrain et des années de piges, soit par les écoles de journalisme reconnues que l'on peut y entrer.

La seule valorisation possible, me semble-t-il, est de coupler un doctorat avec des études dans une autre discipline (psycho., com., gestion ...), auquel cas il ajoutera un plus à ton dossier.

kohelet a écrit:

primorales a écrit:

kohelet a écrit:: Chers amis philosophes, je voulais avoir votre avis sur cette question. Je candidate dans 3 semaines pour une allocation de thèse et dans le cas où je serait reçu je me demandai s'il était possible de combiner avec la préparation de l'agreg (ou capes) en première année de thèse au moins.
Parce qu'une thèse c'est bien joli mais si c'est pour se retrouver au chômage au bout....

Une thèse de philosophie n'a quasiment pas de débouchés professionnels, si tu veux enseigner la philo, prépare les concours point, tu verras la thèse après. Faire l'inverse ou les deux en même temps ne me paraît pas du tout un bon choix. Passer 4 ans à faire une thèse, s'apercevoir qu'avec ça on ne peut rien faire directement, c'est perdre son temps, son énergie, se condamner au désespoir. Il vaut mieux penser autrement. Après, vu que les concours sont aussi très ardus, que nos jeunes collègues nous disent la difficulté de l'entrée dans le métier, si l'enseignement de la philo n'est pas un but en soi, il vaut mieux penser à autre chose. Ce qui n'empêche sans doute pas de mettre un peu de philo dans quelque chose qui ne soit pas directement philosophique.

Même si je pense passer l'agreg à un moment ou un autre je ne suis pas vraiment d'accord avec toi, un doctorat peut être valorisé dans d'autres domaines: édition, journalisme... La thèse est un gage de certaines qualités rédactionnelles et de réflexion. Dans l'absolu je suis daccord avec toi il vaut mieux passer les concours dabord mais si je refuse l'alloc rien ne me dis que je vais avoir de nouveau cette opportunité...

ça c'est toujours possible, je ne sais pas, on a lu ici des témoignages qui allaient dans ce sens. Mais faire une thèse de philosophie très pointue, pour ensuite faire valoir cela dans une filière très différente, c'est quand même étrange. Pour ma part, j'ai enseigné la philosophie dans le secondaire d'abord avant d'entreprendre et de finir ma thèse, avec l'idée d'intégrer le supérieur, ce qui semble sérieusement compromis, bien que j'aie trouvé un éditeur sérieux pour mon travail.
Je pense qu'il vaut mieux penser aux débouchés professionnels d'abord, sans s'interdire évidemment de faire ce qui nous plaît, mais que passer 4 ans à faire une thèse et ne s'interroger qu'après sur ce qu'on va en faire, c'est périlleux.

Romuald a écrit:

kohelet a écrit:: Même si je pense passer l'agreg à un moment ou un autre je ne suis pas vraiment d'accord avec toi, un doctorat peut être valorisé dans d'autres domaines: édition, journalisme... La thèse est un gage de certaines qualités rédactionnelles et de réflexion.

Il ne faut pas te faire d'illusion sur la valorisation de ta future thèse ; je le redis : le doctorat est considéré comme un diplôme de guignol en France (il n'est reconnu que par les professionnels de la profession, et encore), alors imagine une thèse en philosophie.

Les gens qui travaillent dans l'édition (et en vivent) viennent de plus en plus d'école de commerce ou ont des diplômes de management culturel. L'édition est un marché comme les autres. Quant au journalisme, c'est soit par l'expérience de terrain et des années de piges, soit par les écoles de journalisme reconnues que l'on peut y entrer.

La seule valorisation possible, me semble-t-il, est de coupler un doctorat avec des études dans une autre discipline (psycho., com., gestion ...), auquel cas il ajoutera un plus à ton dossier.

Ce que dit Romuald est très vrai, c'est ce que m'ont dit des éditeurs, que les nouveaux patrons sont des commerciaux. Et puis, il ne faut pas s'attendre, à notre époque, à avoir tout de suite un super poste avec une thèse de philosophie, cela n'empêche rien, mais ne permet rien non plus en tant que tel.

primorales a écrit:: Mais faire une thèse de philosophie très pointue, pour ensuite faire valoir cela dans une filière très différente, c'est quand même étrange.

Je me suis fait la même réflexion. Si c'est pour faire de l'édition ou du journalisme, autant se lancer dans des formations diplomantes ou professionnalisantes de ces secteurs... déjà que ce sont des secteurs sinistrés pour ceux qui ont les formations et les stages adéquats, vouloir y entrer par une voie parallèle me paraît très périlleux.

Je fais ma thèse en connaissance de cause, je sais qu'il n'y a pas de débouchés.
Ma fin est surtout l'ouvrage en tant que tel, sur lequel j'aurai passé des années, et qui, grâce au dispositif de thèse, est lu et commenté de temps en temps par un spécialiste.

Après il y a tout de même quelques petits avantages : dans le monde culturel ça rend un peu crédible, et à l'EN ça permet d'augmenter un peu la paye d'un contractuel Smile

Vis-à-vis des élèves et des collègues, ça donne un peu de crédibilité également, d'être en thèse.

Oui mais Mr_Z, je crois que tu n'as pas du tout les mêmes motivations que kohelet...

ha ok !

lene75 a écrit:

primorales a écrit:: Mais faire une thèse de philosophie très pointue, pour ensuite faire valoir cela dans une filière très différente, c'est quand même étrange.

Je me suis fait la même réflexion. Si c'est pour faire de l'édition ou du journalisme, autant se lancer dans des formations diplomantes ou professionnalisantes de ces secteurs... déjà que ce sont des secteurs sinistrés pour ceux qui ont les formations et les stages adéquats, vouloir y entrer par une voie parallèle me paraît très périlleux.

Bien sûr qu'il ne faut pas faire une thèse pour rentrer dans le domaine de l'édition (dans lequel j'ai déjà un pied depuis deux ans) ou le journalisme! je voulais juste dire que ça donne une certaine crédibilité dans le monde de la culture et que si on arrive à la mettre en valeur elle peut aussi devenir utile

j'avais entendu dire que les allocataires d'une bourse pour faire une thèse n'avaient tout simplement pas le droit de passer les concours, ça doit être une légende urbaine...du moins, les directeurs de thèse le déconseillaient vivement
tout comme à l'ens, on déconseille le m2 aux agrégatifs...qui parfois jalousent les facqueux sur ce point Laughing

une thèse sans concours, à part aller au québec pour trouver un truc post-doctorale, ou être blingue ( devenir le traducteur de textes méconnus sur lequel on a travaillé par exemple) et se battre pour avoir des équivalences ( en Allemagne où les concours n'existent pas) , faut retourner à la fac passer l'agrèg

quand j'entendais le dégoût qu'avaient de jeunes allocataires pour les lycées de province et qui préfèrent vivre sur Paris en touchant une allocation sur lyon par exemple..., et l'élitisme et le déni de réalité dans lequel ils étaient
bref...

sinon, la philo en dehors de la philo, eh bien on n'en fait pas,
la philo pour mon master culturel ne m'a pas aidé...j'avais plus de facilité à rédiger un rapport que les autres [ mais avec de la maturité ( j'avais 5 ans de plus que certains dans la promo) et en rédigeant un mémoire de n'importe quelle matière, les choses auraient été identiques je pense]

sinon, retourner à la fac, genre en licence3 aux alentours des 30 ans (à l'âge où on est ni jeune ni vieux pour un mec de 22/23 ans), y a un choc des maturités et des priorités dans la vie qui existe...et tu te demandes ce que tu fous encore en amphi

en philo, il ne faut pas hésiter à faire des doubles cursus dès le départ ( philo/français/psycho/socio/anthropo/histoire de l'art/une langue vivante et avoir une double licence pour avoir de l'ouverture

bref, mettre son orgueil de côté

Mr_Z a écrit:: * n'est-ce pas fou, quand on y pense ? un pays peut-il avoir trop de savants ?

Bien que sûr que non , mais ça tu le savais ;-)
Ce que je trouve en revanche inquiétant c'est la masse exponentielle de thèses ou de travaux où sont ventilés les résultats d'un travail de recherche à lire si l'on souhaite , dans son domaine de recherche , rester à jour . C'est sans doute un bel exemple de dynamisme intellectuel mais voilà qui alourdit considérablement la masse de travail : rien que sur Plotin , des dizaines d'articles chaque année , dans plusieurs langues , et dépassant parfois la centaine de pages sans parler des thèses , travaux et autres joyeusetés : le tout pour un résultat souvent incertain ( la publication comme telle n'est pas même une garantie de travail conceptuellement dense : que d'articles où l'on perd un temps précieux ! ) et qui se réduit à cette axiomatique du temps perdu : pour savoir qu'un texte n'est pas bon , encore faut-il l'avoir lu .
Certes on n'est pas obligé de tout lire mais un thésard est un animal généralement scrupuleux , à la recherche de la moindre "pépite" ,comme aime à dire mon directeur ...

Pour ma part je lis très peu Rolling Eyes

Tiens y'a un thésard qui bosse sur Plotin à Poitiers si ça t'intéresse.

Mr_Z a écrit:: Je fais ma thèse

et à l'EN ça permet d'augmenter un peu la paye d'un contractuel

Erreur apparemment. Après m'être renseigné, la thèse augmente la paye seulement pour les savants (physique, chimie, ...) qui deviennent MA1 et plus MA2. En philo, avec une thèse, apparemment, tu restes MA2, et ce depuis une loi de 1967 un truc comme ça...

Mr_Z a écrit:: Pour ma part je lis très peu

Tiens y'a un thésard qui bosse sur Plotin à Poitiers si ça t'intéresse.

Qui est son directeur de thèse ?
A ma connaissance Sylvain Roux n'a pas l'habilitation à diriger les recherches .

Bernard Mabille s'en occupe, et Mr Roux donne sans doute un coup de main !

Mr_Z a écrit:: Bernard Mabille s'en occupe, et Mr Roux donne sans doute un coup de main !

J'imagine bien , surtout qu'il connaît très bien son Plotin sur lequel il travaille depuis longtemps !

Je me demandais si certains d'entre vous choisissent un sujet "stratégique" pour leurs thèse, par exemple une niche ou un domaine interdisciplinaire très particulier ou encore un sujet ou un philosophe à la mode....
Personnellement j'ai un peu de mal a croire qu'il y ai vraiment des modes au sein de l'université j'ai plutôt l'impression inverse que chaque prof est dans son coin et qu'il y a peu de dialogues

Pour ma part j'ai toujours choisi en fonction de mon désir pour un sujet mais peut être qu'il faut aussi savoir être pragmatique... et si ma foi il est possible de combiner les deux...

Meta a écrit:

Mr_Z a écrit:: Je fais ma thèse

et à l'EN ça permet d'augmenter un peu la paye d'un contractuel

Erreur apparemment. Après m'être renseigné, la thèse augmente la paye seulement pour les savants (physique, chimie, ...) qui deviennent MA1 et plus MA2. En philo, avec une thèse, apparemment, tu restes MA2, et ce depuis une loi de 1967 un truc comme ça...

arg !

Mr_Z a écrit:

Meta a écrit:

Mr_Z a écrit:: Je fais ma thèse

et à l'EN ça permet d'augmenter un peu la paye d'un contractuel

Erreur apparemment. Après m'être renseigné, la thèse augmente la paye seulement pour les savants (physique, chimie, ...) qui deviennent MA1 et plus MA2. En philo, avec une thèse, apparemment, tu restes MA2, et ce depuis une loi de 1967 un truc comme ça...

arg !

Mais vérifie-le !

kohelet a écrit:: Je me demandais si certains d'entre vous choisissent un sujet "stratégique" pour leurs thèse, par exemple une niche ou un domaine interdisciplinaire très particulier ou encore un sujet ou un philosophe à la mode....
Personnellement j'ai un peu de mal a croire qu'il y ai vraiment des modes au sein de l'université j'ai plutôt l'impression inverse que chaque prof est dans son coin et qu'il y a peu de dialogues

Pour ma part j'ai toujours choisi en fonction de mon désir pour un sujet mais peut être qu'il faut aussi savoir être pragmatique... et si ma foi il est possible de combiner les deux...

Je pense qu'on peut ne pas se trahir et être un peu stratégique, il suffit de regarder les profils des postes de MCF chaque année en février et octobre plus les profils des postes publiés toute l'année (peu, procédure "fil de l'eau").

C'est là.

https://www.galaxie.enseignementsup-recherche.gouv.fr/ensup/candidats.html

à droite, vers le bas, liste des postes publiés.

Mr_Z a écrit:: Bernard Mabille s'en occupe, et Mr Roux donne sans doute un coup de main !

B. Mabille a écrit de très belles pages sur Plotin et Proclus dans sa dernière oeuvre. Si tu l'as eu comme enseignant, tu as bien de la chance, car j'ai trouvé ses livres lumineux et profonds.

primorales a écrit:

kohelet a écrit:: Je me demandais si certains d'entre vous choisissent un sujet "stratégique" pour leurs thèse, par exemple une niche ou un domaine interdisciplinaire très particulier ou encore un sujet ou un philosophe à la mode....
Personnellement j'ai un peu de mal a croire qu'il y ai vraiment des modes au sein de l'université j'ai plutôt l'impression inverse que chaque prof est dans son coin et qu'il y a peu de dialogues

Pour ma part j'ai toujours choisi en fonction de mon désir pour un sujet mais peut être qu'il faut aussi savoir être pragmatique... et si ma foi il est possible de combiner les deux...

Je pense qu'on peut ne pas se trahir et être un peu stratégique, il suffit de regarder les profils des postes de MCF chaque année en février et octobre plus les profils des postes publiés toute l'année (peu, procédure "fil de l'eau").

C'est là.

https://www.galaxie.enseignementsup-recherche.gouv.fr/ensup/candidats.html

à droite, vers le bas, liste des postes publiés.

Il y a un seul poste en philo mais à part ça les profils sont pas vraiment détaillés donc pour voir quelque chose là dedans...

primorales a écrit:

kohelet a écrit:: Je me demandais si certains d'entre vous choisissent un sujet "stratégique" pour leurs thèse, par exemple une niche ou un domaine interdisciplinaire très particulier ou encore un sujet ou un philosophe à la mode....
Personnellement j'ai un peu de mal a croire qu'il y ai vraiment des modes au sein de l'université j'ai plutôt l'impression inverse que chaque prof est dans son coin et qu'il y a peu de dialogues

Pour ma part j'ai toujours choisi en fonction de mon désir pour un sujet mais peut être qu'il faut aussi savoir être pragmatique... et si ma foi il est possible de combiner les deux...

Je pense qu'on peut ne pas se trahir et être un peu stratégique, il suffit de regarder les profils des postes de MCF chaque année en février et octobre plus les profils des postes publiés toute l'année (peu, procédure "fil de l'eau").

C'est là.

https://www.galaxie.enseignementsup-recherche.gouv.fr/ensup/candidats.html

à droite, vers le bas, liste des postes publiés.

Il y a aussi les wiki des campagnes des deux dernières années :
http://mcfsection17session2009.pbworks.com/FrontPage
http://mcfsection17session2010.pbworks.com/
[Celui de cette année ne marche pas très bien d'ailleurs.]